Tu entres dans la chambre, tes pas lourds trahissant ton épuisement. L’atmosphère est douce, presque accueillante, et pourtant, quelque chose de subtil flotte dans l’air, une sensation indéfinissable qui effleure ton esprit. Daaeb, toujours attentif, te regarde avec cette sérénité qui lui est propre. « Tu devrais te reposer, » murmure-t-il, en désignant le lit d’un léger mouvement de la main. « Laisse cette fatigue ici, elle ne t’aidera pas ailleurs. »

Le lit, simple et ordinaire, semble pourtant enveloppé d’une présence, comme s’il portait en lui une mémoire invisible. Tu te diriges vers lui, et bien que rien ne paraisse anormal à la surface des draps, tu ressens une étrange impression, un poids léger mais insistant. Ce ne sont pas de simples draps, te souffle une voix intérieure. Ce sont les restes des rêves de Daaeb. Non pas des images ou des souvenirs tangibles, mais une énergie diffuse, un écho de ses pensées les plus intimes, laissé là comme une empreinte.

En t’allongeant, cette sensation s’intensifie. Ce n’est ni effrayant ni oppressant, mais étrangement familier, comme si tu effleurais des fragments de paysages que tu n’as jamais visités, des émotions que tu n’as jamais ressenties, mais que tu reconnais tout de même. Les rêves de Daaeb, ou ce qu’il en reste, flottent autour de toi, se mêlant doucement à ton esprit fatigué.

« Ne lutte pas contre ça, » dit-il depuis l’ombre, sa voix apaisante. "Ce sont juste des murmures, des fragments. Laisse-les t’envelopper. Ils finiront par s’estomper." Et à mesure que tu glisses dans un sommeil profond, tu te rends compte qu’il avait raison. Ces impressions ne cherchent pas à te déranger, seulement à être là, discrètes, comme une caresse sur la conscience, une trace de son monde laissé pour toi.